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29 December 2009

Nouveau-Brunswick

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NOUVEAU-BRUNSWICK

 

5875,19 kilomètres plus loin

Le Nouveau-Brunswick est l’une des provinces les plus belles que nous avons traversée, le long de la côte acadienne, à découvrir la culture et les gens de cet endroit. Nous avons découvert un nouvel accent, un nouveau type de poutine et nous avons vu de magnifiques paysages. C'est vraiment une des plus belles provinces mais aussi une des plus malchanceuses pour nous, même catastrophiques (!). En fait, nous avons eu des malchances à chacun des 4 jours de vélo que cela nous a pris. Malgré tout cela, nous avons passé d'agréables moments au Nouveau-Brunswick ; c'est là aussi que nous avons abandonné notre anglais pour revenir à notre langue maternelle.

 

Du journal de bord :

@ 17 juin : Départ tardif par une belle journée pluvieuse. Il faisait froid, un bon vent d’est qui nous faisait canter sur les ponts. Les bagages d’Etienne tombent et Mathieu lui rentre dedans.

@ 19 juin : Grosse journée pleine de mésaventures et de bonnes aventures.

@ 22 juin : Réparation du vélo d’Etienne. Prélassement à côté de Sam le Saumon.

 

samedi 18 juin 2005, jour 18, 648 km, Moncton (NB)

What the !?! prise 2

Ah Shediac, magnifique ville, capitale du homard, reconnue pour ses plages de sable fin, et par ses électroménagers. La plage, pluie bEAU que ça, tu meurs. Les heaumards, étant d'une somme treau heaute en deaullards, nous en aurions bien mangés, ce sera donc pour une eautre fois. Oui, Shediac, c'est dans tes pleurs de ton ciel gris que nous t'avons vu sous ton meilleur jour. C'est dans une salle de lavage d'un camping vide que nous avons vécu avec toi.

Nous avons quitté Charlottetown sous une brise légère et un soleil radieux, avec énergie dans les muscles, pour nous diriger vers toi, Shediac ; déterminés. Le pont est ben beau. Y'a un p'tit village tout cute avec un ti-musée. Mais cal… que c'est long attendre la navette pour traverser. Piétons et cyclistes interdits. Deux heures et demie d'attente. En fait, malgré les dires d'un service de qualité pour piétons et cyclistes, nous avons attendu que 2 femmes finissent leur chiffre de travail tranquillement pour que le gars de la navette puisse les traverser en même temps que nous. Il nous a laissé au beau milieu de nul part, en fin d'après-midi, alors Shediac, nous sommes arrivés vers toi tard en soirée. Eau mon dieu que tu es belle. Après une matinée de repeaus sous la pluie, vous l'avez deviné, Etienne a constaté une petite déflation dans son fameux pneu arrière déjà patché une fois. Après réparation et inspection finale, le nombre de trous est monté à, pas 2, mais 6 trous pour cette crevaison, montant le total de rustines à 7 pour cette roue (et on roule encore sur ce tube plein de colle présentement!)

Départ, toujours sous la pluie, le long de la côte. Nous avons laissé tomber notre anglais, on le reprendra en Ontario, ici, on parle français, nous sommes en Acadie, terre francophone du Nouveau-Brunswick : nous avons pédalé tes routes sous des vents de changements et de gouttelettes d'eau. Écoutant ta douce union du français et d'expressions anglaises, nous franchissions kilomètres après kilomètres dans le but de te découvrir...

Soudain, eau malheur, Etienne, à la tête du convoi transcanadien de deux cyclistes en soif de pépins, perd son bagage arrière, et de ses réflexes de lifeguard alerte, applique les freins de manière brutale (oups, erreur), et Mathieu, derrière, n'ayant aucune seconde complète de réaction, l'enfourche solidement. Les deux vélos, se côtoyant déjà régulièrement car étant le printemps, saison des amours, donc période de rut, bref, les vélos ne purent résister à l'accouplement. Après inspections des vélos, on finit donc par déclarer que la journée de vélo est bel et bien terminée. Humides, détrempés et grelottants, nous constatons que les deux élastiques clandestins à l’origine de la chute de bagages avaient créé le fait que la roue avant de Mathieu avait une allure un peu trop Picasso ; le garde-boue d'Etienne était devenu un accordéon et sa roue arrière était un peu fausse. Pour le reste, tout semble beau, et pas de bobo.

Maintenant, réflexion. Que faire? Nous sommes donc aller cogner à une porte pour avoir un bottin téléphonique pour trouver un bike shop. Le bottin couvrant seulement la région de Moncton, on ne pouvait savoir s’il y avait un bike shop à Miramichi. Que faire? Miramichi devant, ou Moncton derrière? Sûreté : Moncton.

Donc, retour sur l'autoroute et hitchhiking jusqu'à Moncton. Un amérindien revenant de la pêche au crabe des neiges nous conduit jusqu'à un Bed and Breakfast où nous logeons à Moncton. Total de l'accident assez niaiseux en bidous : 130$, ça fait mal au portefeuille. Aujourd'hui, repos en vue des 3 prochains jours. Le défi, 320 kilomètres en 3 jours, nous amenant à Campbelton, juste avant la Gaspésie.

Sur ce petit email, nous vous laissons avec un au revoir

Etienne et Mathieu

 

Mercredi 22 juin, jour 22, 998 km (ben non pas 1000), Campbellton (NB)

Etienne et  le vélo diabolique

"Qui a ensorcelé mon vélo?!?"- Etienne Potter, luttant contre les forces du mal.

Enfin une connexion Internet à notre disposition, nous pouvons enfin prendre des nouvelles et raconter nos péripéties qui se sont passées dans les 3-4 derniers jours. Nous étions donc restés à Moncton pour réparer nos vélos et visiter la ville que nous n’étions point supposés voir. Durant cette journée, nous avons fait la connaissance de Traver, un employé du B&B gentiment surnommé Flavien par Mathieu, dû au fait que Mathieu avait de la misère à se rappeler de son nom. Un gars bien sympathique qui avait un appétit fou pour apprendre le français, mais pas n'importe lequel : le français de bas niveau, le vulgaire de la langue. Ce n’est pas le seul canadien-anglais fasciné par nos expressions franches. Ayant en main les insanités franco-québécoises, il nous a amené prendre un verre dans un pub sur Main Street, espérant rencontrer une jolie fille pour lui dire ce français qu'il avait appris.

Après ce bon temps, réveil de bonne heure pour une grosse journée, notre plus grosse jusqu’à maintenant : 150 km! 2 fois notre objectif quotidien! Une route constituée de faux-plats que nous chevauchions, accompagnés par l'animal domestique des routes du Nouveau-Brunswick: le porc-épic écrasé. Les 50 premiers kilomètres ont été un charme, plein d'espoir pour les 100 autres. Nous avons fait une halte pour diner sous un viaduc. Continuant notre chemin après ce repas, Etienne remarque que son pneu arrière perd de l'air. Le tube qu'on nous avait vendu était trop petit et maintenant, il y avait une fuite. On a donc dû arrêter aux 30 minutes pour regonfler le pneu et poursuivre jusqu'au prochain souffle de vie que l'on devait lui insuffler. Plus tard, arrêt à une halte touristique pour changer le pneu d'Etienne et prendre une petite collation. Réparation accomplie, on est donc prêt à reprendre la route. Ah, non désolé, constatation de Mathieu, son pneu avant a une crevaison. Changement du tube et puis départ. Mais non! Le tube qu'Etienne venait de réparer avait un gonflement dû à sa petitesse. On le dégonfle et on le regonfle et puis poufffffff!!! la valve éclate. Changement du tube puis enfin, un vrai départ.

Nos soucis semblaient derrière nous et la route était devenue belle, sans vent, avec un beau soleil. Il ne nous restait qu'un minuscule 25 km avant notre but quand soudain, Etienne attrape, à sa grande surprise (s’en est devenue une maladie), une belle crevaison, mais cette fois, son premier sur la roue avant. La fin de journée était devenue une course contre le soleil. Nous devions arriver à Miramichi avant la tombée de la nuit et nous avions à parcourir 25 km. C'était donc un sprint de 15 minutes, puis repompage du pneu et ainsi de suite. Nous étions presque arrivés, à environ 5 km du but, quand le pneu a expulsé son dernier souffle, sans réanimation possible. Plus qu'un choix s’est offert: la marche sportive. On marchait en sens inverse du trafic avec notre objectif en tête quand un homme nous proposa de nous embarquer jusqu'à notre motel, 2 ou 3 km plus loin. Surpris, nous acceptons, nous n'avions donné aucun signe de détresse et nous ne faisions pas de pouce. Un bon coup de main d'un homme fort sympathique. On arriva, une bonne douche et dodo. Et ce n'était que notre première journée. Bonne fête des pères!

Jour 1 : Moncton - Miramichi ->  146,07 km en 7 h 34 min

 

Un soleil radieux nous réveilla ce matin-là pour notre deuxième journée. Plus besoin de nos manteaux, la camisole est de mise pour ce 28 degrés Celsius. Roule, roule, roule, petite bicyclette. Mène-nous à notre objectif sans plus tarder! La meilleur journée jusqu’à maintenant, on avait plusieurs kilomètres derrière nous quand la valve du pneu arrière d'Etienne (encore!!!), épuisée par tout ce pompage incessant de la veille, décida de mettre fin à ses jours dans un dernier souffle, aidé par l'asphalte bouillante et neuve de la route. On la change et on repart jusqu'à un chouette camping acadien, piscine a 62 degrés Fahrenheit.... et on y est allé. Il ne s'est rien passé d'autre? Juste ça? Et oui juste ça. C'est tout.

Jour 2 : Miramichi - Nigadoo ->  96,59 km en 4 h 48 min

 

Dernier jour de ce défi. Mettons une chose au clair : AUCUNE CREVAISON. Nous filions comme le vent, la Baie des Chaleurs sur notre droite, nous faisions des bonjours à la Gaspésie juste en face et nous observions l'Acadie sur notre gauche. Nous étions en train de découvrir la côte tel un Jacques Cartier découvrant sa baie, appuyés par la chaleur et l'humidité. Tout roulait comme sur des roulettes...heu... sur des vélos. Arrêts réguliers pour prendre un petit rafraîchissement et parler un peu avec les gens de ce coin de pays. Nous n’avons pas eu de crevaison, mais le dérailleur avant, en désir d’attention d'Etienne, son propriétaire, a décidé qu'il était temps pour lui de se mettre de la partie. Un changement de vitesse un peu brusque a probablement causé le problème : l'engrenage du milieu a tordu, tordant ainsi la chaine.

Que c'était beau de nous voir contraint à pédaler à 12 kilomètres à l’heure pour les 40 prochains kilomètres car Etienne était limité à utiliser seulement sa première et sa troisième vitesse. Nous étions déterminés comme deux à se rendre à l'auberge de jeunesse de Campbellton qui, de toute façon, se trouvait à être la seule ville dans les environs à abriter un bike shop. Nous sommes arrivés en temps. Aussitôt installés, un orage a éclaté avec des vents violents qui faisaient battre la pluie sur les fenêtres de notre auberge de jeunesse, un ancien phare. Au moins, nous avons appris le lendemain que la réparation n'allait pas nous ruiner. Un coup dans la détordeuse magique du bike shop et nous voilà sur pédales pour entrer au Québec demain, veille de la Saint-Jean, comme si tout avait été calculé.

Jour 3 : Nigadoo - Campbellton ->  98,75 km en 5 h 52 min

Total :  341 km en 18 H 20 min

 

Que va-t-on pouvoir dire quand nous n’aurons plus de malchances ou de damn flat tire, aux dires des acadiens? Rien, vous allez seulement moins perdre de temps à nous lire! :-) On ne s'inventera pas des problèmes pour faire plaisir!!!

Ne vous inquiétez pas, le sourire est là et on garde le moral!

 

Pointage des flats:          Etienne  7

Mathieu  1

Mathieu et Etienne

Meilleur souvenir Mathieu : L’orage qui a éclaté à notre arrivé à Campbelton, 5 minutes après avoir été à l’abri, et surtout le calme et la légèreté qui en a émané par la suite.

Meilleur souvenir Etienne : Alors que nous faisions du pouce pour reculer vers Moncton, après l’accident, deux filles, dans une minuscule voiture, ont fait demi-tour pour venir nous voir et nous offrir un transport jusqu’à Moncton. Les vélos n’entraient pas, bien sûr. L’idée nous est venu de les laisser là, disons, pendant 2 secondes. Désolé les filles, on tient trop à nos vélos… C’est plutôt un amérindien qui nous a amené dans son pick-up, qui voulait éviter de s’endormir en revenant de la pêche au crabe. On aurait dû au moins demander le numéro des filles…

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À propos de ce blogue

Canada en vélo - correspondances 2005

14 décembre 2009 - Il y a quatre ans jour pour jour, mon ami Mathieu et moi revenions d’un voyage qui nous a fortement influencé physiquement, socialement, émotivement : la traversée du Canada en vélo, de St. John’s, Terre-Neuve à Victoria, Colombie-Britannique. Dans une époque où les blogues étaient encore peu connus, où le Web 2.0 et réseaux sociaux étaient des termes inconnus, nous communiquions avec nos proches en courriels de groupe, ou newsletter. Dans un but de rééditer ces courriels avant qu’ils ne se perdent dans le néant, sans cacher le désir de me remémorer une étape importante de ma vie et de la faire connaître aux gens que j’ai connus depuis et ceux qui passeront par ce blogue, vous trouverez hebdomadairement, pour les 15 prochaines semaines, une synthèse des correspondances effectuées et de nos aventures, le tout, bien sûr, agrémenté de photos.

Auteur

Etienne Théroux

J'ai commencé mon voyage à Québec, dans une petite banlieue qui m'a vu grandir. J'ai ensuite, entre autre, étudié en arts littéraires, exploré mon pays à dos de vélo, travaillé au pays des kangourous et j'étudie maintenant... en tourisme, à Montréal. Pour moi voyager c'est vivre des expériences, découvrir des gens et des cultures.

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