21 December 2009
Nouvelle-Écosse

NOUVELLE-ÉCOSSE
6452,61 kilomètres plus loin
La Nouvelle-Écosse a donc été la province où nous avons commencé pour de vrai, après s'être reposé de la traversée en bateau de nuit… et de la soirée d’avant. Nous avons réussi notre première fierté du voyage, une grosse journée épuisante de 125 kilomètres. 125 kilomètres, c'est devenu quasiment une routine pour nous à la fin du voyage, cela ne figure même plus dans nos plus grosses journées, mais nous étions content de ce défi. Nous y avons vécu nos premières crevaisons, notre premier bris de chaîne, nos premiers dimanches ou tout est fermé… c’était une province dont nous avons effleuré seulement le nord et qu'il aurait été agréable de connaître un peu plus. Sans même le réaliser, nous voilà déjà sur un autre traversier en direction de l'Île-du-Prince-Édouard. Cependant, ces quelques jours ont semblé des semaines pour nous par tout ce qui s'était passé.
Du journal de bord :
@ 6 juin : Récupération du voyage et de la brosse d’hier. Grâce aux fonds que Stephen nous a laissés, on s’est payé un hôtel. Repos, repas et repos.
@ 9 juin : Flat sur un pneu d’Etienne. Gros repas à 14h30. Bris de chaîne d’Etienne 6 km avant le camping. On finit le reste à pied.
@ 10 juin : La journée d’Etienne : réparation. La journée de Mathieu : lavage et lecture.
8 juin 2005
Une histoire de caca
Histoire de caca / A shit story
by Etienne Theroux / par Ethan T. Rwoo
Il était une fois, un jeune garçon très aventurier partit avec un autre garçon tout aussi aventurier à la recherche du savoir absolu à travers un pays dévasté et confédérationnel qu'est le Canada. Les péripéties se succédèrent, ours, loup, dragon volant, sans compter les minables anecdotes, telle qu'une mitaine a four inflammable, un party de saoulons (pas nous, eux!) au milieu d'un camping qui devait être trop silencieux, quelques centaines de kilomètres au pouce, ou du screech newfoundlandais et trop de bière avant de prendre un bateau. Tout cela, sous des conditions intestinales exécrables. Le déjeuner est pour moi un défi quotidien, ne sachant trop si tout va entrer. Sans compter bien sûr dans quel état cela pourra bien sortir, après tous ces petits restants qui se pressent de vouloir se sauver sitôt l'orteil sorti de la tente. Que de satisfaction de laisser échapper ces gaz lacrymogènes, accroupi sur une toilette douteuse. Que de plaisir d'y retourner une deuxième, une troisième ou même, une quatrième fois, car bien sûr, mon détecteur intestintitutionnel est défectueux. Quelle est la cause de tout ce vacarme? Est-ce un stress non-évacué entre le temps de la fin de session et le début de ce voyage, temps trop rapide? Est-ce l'eau que l’on boit qui me tient vie et qui n'est pas le sang du Christ car le vin est rouge mais pas l’eau? Mes interrogations se voient soulagées chaque jour car les intervalles successifs de mes évacuations se voient rallongés au maximum, m'évitant tout arrêt incongru. Malgré un changement de province qui aurait pu tout régler, car citant mon fidèle compagnon, "Cette province fait chier", j'ai encore du bonheur à écouter, lorsque je suis accroupi, les commentaires sportifs dévoués de Mathieu à chaque gaz athlétiques. Mais pue importe, cela ne m'empêche guère de savourer chaque moment de ce périple. Par contre, le mystère risque d'être bientôt résolu. Mathieu, qui se marrait bien de mon laxisme, s'annonce comme étant un « non-chieu » depuis maintenant un jour et demi. Moi qui me vide ad vitam eternam tous les matins depuis six jours, et lui, qui trouve, dans un dépanneur perdu a Ben Eoin, une boîte de Ex Lax pour le rassurer. C'est beau la vie, hein? On voit tout de suite la solution du problème. Nos deux corps sont d'une incompatibilité magnétique. Moi, le positif, attire tout ce que lui chie et lui, le négatif, conserve tout ce qu'il y a de plus dur. Une histoire de caca, voilà.
Si on vous offre du chocolat a notre retour, soyez méfiants....
13 juin 2005, jour 13, 339,2 km, Antigonish (Nouvelle-Écosse)
5 jours mais 5 jours remplis
Mise à jour! Aujourd'hui, 13 juin, tout va beaucoup mieux, pour moi et pour Mathieu… sans qu'il se serve du ExLax!
On avait écrit, la dernière fois, que nous voulions arrêter quelques temps avant de reprendre la route. Après les 25 kilomètres sous la pluie pour se rendre à Sydney, nous avons constaté que ce n'était pas l'endroit idéal, l'hôtel le moins cher était assez cher. Nous décidâmes (attention nous allons dévoiler à vos yeux un merveilleux conte, d’où l’utilisation du passé simple pas si simple) nous décidâmes, donc, de poursuivre notre route vers un camping à l'air sympathique et paisible au merveilleux village de Ben Eoin. Ce camping était malheureusement en ouverture, donc vide, et sans toilettes. Ils nous ont quand même chaleureusement accueillis. Free of charge pour les 2 voyageurs aventuriers qui se risquent de dormir dans une tente par ce froid, accès aux douches et toilettes familiales en plus. Les deux chevaliers durent donc chevaucher leurs montures le lendemain à la recherche d'un monde meilleur. Le ciel bleu, peu de vent, tout s'annonçait comme une belle journée pour pédaler un bon coup. 45 minutes plus tard (hohoo!!!!) quoi de mieux qu'un premier flat sur le vélo d'Etienne. Zing! boum! bing! 45 minutes plus tard, nous voilà prêt à repartir, le merveilleux tube de rechange bien en place. Le ventre nous réclamant un peu de nourriture, nous nous arrêtâmes dans un petit dépanneur/station-service d’une réserve des Premières Nations pour savoir où se trouve le prochain restaurant. Quelques jeunes passèrent et nous demandèrent d'où nous venions. ...Quebec...traverse...Canada... Étonnés et jubiles, ils nous dirent: ''Wow, guys, you're my heros!!!'' Enchanté (haha) que nous étions dans le cœur de ces jeunes, nous reprîmes la route légers, parce que le ventre toujours vide. Au restaurant, nous commandâmes un copieux repas et satisfaits, nous reprîmes la route.
« Vers l'infini et plus loin encore ». Notre objectif: Havre Boucher, beau camping, un endroit pour rester quelques jours, à 120 km de notre point de départ du matin. À 6 km du but, la chaîne d'Etienne se retrouve étendue de tout son long sur l'asphalte. Il ne reste que 6 km, marchons-les, à pas d'oie, assis sur le vélo ou en se laissant bercer par les collines! La journée de repos s'annonça comme une journée de réparation.
Encore plus lorsque, au réveil le lendemain, nous entendîmes un gros powwww!!! suivit d'un ppffffffffssss!!!. La belle roue toute réparée venait d'exploser en ce vendredi matin à 8h34. Après inspection, la valve du tube nouveau a éclaté. Rechange le tube, en reprenant le vieux patché, et pour ce qui est de la chaîne, après maintes tentatives, aucune réparation possible. Le gentil propriétaire allemand du camping a bien accepté de nous emmener au bike repair shop trop coûteux car seul de la région à Antigonish. Réparés comme neuf, nous nous installâmes dans le petit camping à l'intérieur de la ville. Une ville très catholique ou tout est fermé le dimanche. Un camping sympathique que nous quitterons ce matin pour l'Île-du-Prince-Édouard si tout va bien, sous des vents dans le dos et une fine pluie rafraîchissante. Fin de l'épisode.
Mathieu et Etienne
Meilleur souvenir Mathieu : La grande descente dans la brume et la forêt, en se dirigeant vers le traversier de l’Î.-P.-E., alors qu’un vieux train tentait péniblement de monter. Décor somptueux.
Meilleur souvenir Etienne : Mathieu qui rit de moi et moi qui rit de moi-même alors que ma chaîne venait de lâcher à 6 km du camping, et que je ressemblais à une oie en donnant des petits coups sur les côtés avec mes bouts de pied, assis sur mon vélo.
À propos de ce blogue
Canada en vélo - correspondances 2005
14 décembre 2009 - Il y a quatre ans jour pour jour, mon ami Mathieu et moi revenions d’un voyage qui nous a fortement influencé physiquement, socialement, émotivement : la traversée du Canada en vélo, de St. John’s, Terre-Neuve à Victoria, Colombie-Britannique. Dans une époque où les blogues étaient encore peu connus, où le Web 2.0 et réseaux sociaux étaient des termes inconnus, nous communiquions avec nos proches en courriels de groupe, ou newsletter. Dans un but de rééditer ces courriels avant qu’ils ne se perdent dans le néant, sans cacher le désir de me remémorer une étape importante de ma vie et de la faire connaître aux gens que j’ai connus depuis et ceux qui passeront par ce blogue, vous trouverez hebdomadairement, pour les 15 prochaines semaines, une synthèse des correspondances effectuées et de nos aventures, le tout, bien sûr, agrémenté de photos.
Auteur
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Etienne ThérouxJ'ai commencé mon voyage à Québec, dans une petite banlieue qui m'a vu grandir. J'ai ensuite, entre autre, étudié en arts littéraires, exploré mon pays à dos de vélo, travaillé au pays des kangourous et j'étudie maintenant... en tourisme, à Montréal. Pour moi voyager c'est vivre des expériences, découvrir des gens et des cultures. |
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