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7 February 2010

Ontario 3 de 3

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ONTARIO 3 de 3

4 août 2005

Désolé pour le délai mais voilà enfin des nouvelles, résumé par jour.

Mardi le 26 juillet 2005, jour 56

C'est enfin arrivé. C'est dans les prochains jours que l'on va pouvoir estimer nos capacités à leur maximum. On entre aujourd'hui dans nos 700 km que l'on estime les plus ardus du voyage. Le stress est au rendez-vous et on en ressent les conséquences. En quittant Sault-Ste-Marie, seules 11 villes se retrouvent sur notre itinéraire, donc plus de difficultés pour se procurer bouffe, logis et... Internet. Pour ce qui est de prévoir les camping, l'Ontario a quelques difficultés à nous donner une liste complète des camping (ou nous ne l’avons juste pas trouvé) alors nous espérons en trouver quelques-uns qui ne sont pas dans nos guides. Est-ce que les 2900 km derrières nous nous ont préparés pour cette épreuve? Allons nous sortir de ce défi la tête haute et fière ou allons-nous nous écraser sous l'effort et la fatigue? Des questions que même si le moral tient bon, nous nous posons à chaque début de journée. Nous sommes conscients que nous arrivons à la mi-chemin, l'étape de la remise en question, comme si nous entrions dans la « crise de quarantaine » du voyage. Le départ pour cette étape du voyage s'effectue sous la pluie. Oh pas un torrent d'eau, mais assez pour que 15 minutes après notre départ, nous soyons déjà trempé de la tête aux pieds que et l'eau ruisselle dans notre visage et embue nos lunettes. 2 heures plus tard la pluie nous quittait pour un soleil timide qui jouait à cache-cache avec les nuages. Le départ est lancé mais, Mathieu est lent et manque d'énergie. Stressé? Fatigué? Maladie? Qui sait… Pour Mathieu, la journée est longue mais il tient le coup et continue de pédaler à son rythme. Nous arrêtons dans une station bien touristique pour regonfler nos pneus et bien sûr, nous nous faisons remarquer et nous devons raconter notre voyage et nos motivations. Un touriste ontarien va même jusqu'à nous prendre en photo comme si nous étions une attraction touristique. Pour ne pas en subir davantage, nous levons le camp et retournons à nos kilomètres. L’objectif de la journée est de se rendre à Montreal River, mais nous décidons d'arrêter un peu avant et de camper sur le bord de la route. Fabuleux! Nous avons passé la nuit sur le bord du Lac Supérieur. Une vue superbe. La plage était constituée de galets; le lac, d’une eau limpide et translucide, nous donnait des couleurs qui jouaient entre le bleu royal et le turquoise. Ce paysage fabuleux était entouré par des falaises recouvertes d'une forêt dense d'un vert opaque où l'homme n'a pas encore osé toucher avec ses machines. Nous avons donc soupé avec ce paysage devant nos yeux et avons attendu le coucher du soleil sur le lac sans rive à l’horizon : de toute beauté. De quoi réchauffer notre coeur pour les prochains jours.
116,70 km; vitesse moyenne : 17,7 km/h; maximum : 55,2km/h

Mercredi le 27 juillet 2005 jour 57
Nous avons quitté notre petit coin de paradis, traversé le simili-village et avant de descendre une grosse côte,nous nous sommes arrêté refaire le plein d'air, d'eau, et de pain (qui s’est avéré être moisi… note à nous-même : vérifier les dates de péremption à l’avenir) Nous étions prêts à faire la centaine de kilomètres qui traversent le parc provincial du Lac Supérieur, qui est le plus grand et le plus profond des Grand Lacs. Il contient autant d'eau que tous les autres réunis. Paysages époustouflants et essoufflant car la route est très inclinée. Mais voir le lac à l'infini de si haut est impressionnant. Nous avons en tout six personnes traversant en vélo, mais dans l'autre sens. Cela paraît que nous sommes à la mi-chemin. Le pneu avant de Mathieu a décidé qu'il était trop vieux et a fendu, faisant exploser le tube. Puisque Mathieu sait très bien faire ses crevaisons aux bons endroits, nous avons été obligé de réparer la crevaison sur le bord d'une plage de sable fin, sous un merveilleux soleil. Nous avons dû utiliser le pneu de secours que nous avions amené; espérons ne plus avoir de problème de pneu d'ici Thunder Bay! Nous avons fait notre 3000e km aujourd'hui. Nous sommes arrivés en début de soirée à Wawa, ville que nous attendions depuis longtemps. Cela faisait depuis 728 km exactement qu'on nous achalait de pancartes promouvant cette ville, dont une aux 20 kilomètres pour les derniers 200 km. Cette ville est plutôt une halte-routière avec une oie gigantesque comme effigie. Nous avons dormi après la ville, dans un camping sur le bord de la route.
119,27 km; vitesse moyenne: 19,9 km/h; maximum : 60,6 km/h

Jeudi le 28 juillet 2005, jour 58
Départ de ce village, disons assez spécial, pour White River. Mathieu a encore un peu de misère à trouver de l'énergie. On plante donc notre tente à l'information touristique et on y range nos vélos. White River, ça vous dit quelque chose? Winnie the Pooh vous en dit sûrement plus! Hé bien il y a un lien! Winnie est la mascotte de cette ville et l'attraction principale. Tous les commerces sont bondés de peluches et de photos de Winnie. Il y a festivals, histoires et monuments, tout, en fait. C'est que voyez-vous, Winnie the Pooh a une histoire spéciale et puisque rien de spécial ne s’est passé aujourd’hui, la voici:
Un vétérinaire originaire de Winnipeg était capitaine dans l'armée. Lui et son escadron se sont arrêtés quelques jours à White River avant d'aller rejoindre le reste de l'armée. Ce cher capitaine a vu une ourse orpheline et a décidé de l'acheter. Durant le voyage, il élève l'ourse, lui apprend quelques tours et elle devient alors la mascotte de son escadron. Il la nomme Winnie en l'honneur de sa ville natale, Winnipeg. Tout le monde l'aime et avant d'aller à la guerre, il la laisse aux bons soins du zoo de Londres où elle devient rapidement la vedette principale. À ce zoo, un enfant tombe amoureux de l'ourse et se met à en parler tout le temps à son père qui décide alors d'écrire les aventures de son garçon et Winnie. C'est ainsi que furent inventé les histoires de Winnie the Pooh qui sont maintenant des classiques de la littérature pour enfant. Voilà pourquoi White River est si fière d'afficher ses couleurs avec Winnie l'ourson.
En revenant de souper cette journée là, nous avons rencontré Beth, qui fait exactement le même voyage que nous mais en plus rapide et seule. Nous avons échangé nos aventures et nous nous sommes couchés. Elle voyage tellement léger que, pour rouler plus vite, elle a dormi dans une espèce de toile sous une table de pique-nique.
87,94 km; vitesse moyenne: 20,1 km/h; maximum: 48,1 km/h

Vendredi le 29 juillet 2005, jour 59
Journée de repos semi-désirée à l'information touristique de White River, en espérant que Mathieu se remette sur pied. C'est fou de voir comment il en reste encore à faire. La mi-chemin est un moment important d'un voyage et nous l’avons remarqué : plusieurs personnes qui vont dans l'autre sens nous ont demandé quand ils y seraient. On a fait beaucoup de chemin et il en reste encore beaucoup. Paolo Coelho a bien raison dans l'Alchimiste, nous n’avons plus notre chance de débutant (et on sait qu’on en a profité de cette chance!) et nous ne voyons pas non plus vers quoi on s'en va. La mi-chemin est un moment où il faut beaucoup de détermination et comme la mi-chemin est au beau milieu de l'Ontario, il en faut davantage!
0 km

Samedi le 30 juillet 2005, jour 60
Départ de White River pour Neys Campgroud. La journée s'annonce bien avec de bonnes montées et de bonnes descentes, bien sûr. Nos jambes, c'est que du muscle, et notre volonté, c’est de l’acier, alors amenez-vous les kilomètres, on va vous montrer qu'on n’a pas froid aux yeux. On arrive donc heureux après une bonne journée et en pleine forme. Au petit dépanneur du camping nous avons rencontré des gens de Tour du Canada. Ils campent juste en face au parc provincial de Neys. Ils sont partis le 26 juin et ils sont accompagnés d'un camion qui transporte leur matériel. Ils font en moyenne 120 km par jour et sont d'un peu partout dans le monde.
114,93 km; vitesse moyenne : 22,6 km/h; maximum : 54,8 km/h

Dimanche 31 juillet 2005, jour 61
Cela fait 2 mois que nous sommes parti aujourd'hui! Il fait beau et chaud. Beaucoup de côtes mais on les prend une à la fois et on fini par arriver dans un parc provincial sur le bord du lac Superieur.
82,57 km; vitesse moyenne : 21,5 km/h; maximum : 57,7 km/h

Lundi 1er août 2005, jour 62
Nous voilà reparti! À 13 h 30, nous sommes déjà à Nipigon (notre objectif) et pendant un bon repas chaud, nous nous disons que Thunder Bay, ce n'est pas si loin… seulement 110 km (plus nos 80 déjà accumulé, ça fait 190, ouch!)… mais nous nous disons que c'est possible. Il faut vraiment que tout soit en notre faveur. Bien que cela aurait été trop beau, nous sommes arrêtés à Dorion. Le vent s'est levé et il soufflait de l'ouest, donc en pleine poire. C'était malgré tout une bonne journée. On a remarqué que le pneu arrière de Mathieu est rendu à la fesse. Il est même déchiré par endroit et on espère qu'il va tenir le coup pour les 80 derniers kilomètres. On prend ça relaxe ce soir. Thunder Bay, nous voilà!
109,54 km; vitesse moyenne : 20,6 km/h; maximum : 65,4 km/h

Mardi 2 août 2005, jour 63
Brouillard épais, nous ne voyons pas où l'on va pour la première heure. Il se lève tranquillement, laissant paraître les collines environnantes, et c’est alors qu'il restait 63 km à faire avant Thunder Bay que le pneu de Mathieu rend l'âme. Ok no problemo, Tape Gris à la rescousse. TATATIN! Réparé. Avant d'arriver en ville, nous nous arrêtons à un monument commémoratif en l'honneur de Terry Fox. Souffrant du cancer qui lui a fait perdre une jambe, il a fait, en 1980, à l'âge de 22 ans, la distance d'un marathon chaque jour, en partant de St-John's, Terre-Neuve. Il a dû abandonner près de Thunder Bay, ravagé par la maladie, et il est mort un an plus tard. Son geste a permis de ramasser 24 millions de dollars pour la recherche sur le cancer. Assez courageux et motivant le mec, il nous a donné un coup de pied pour terminer ce qu'il n'a pas pu faire. On s'entend que c'est plus facile en vélo et avec deux jambes! Nous avons viraillé en ville pour trouver l'auberge de jeunesse, qui en fait est l'immeuble des résidences du collège. WOW!!!! Un lit, la douche et les toilettes à côté, un frigidaire et un micro-onde. Nous avons juste à placer de la nourriture là-dedans et ça chauffe tout seul! MAGIQUE!!!! Sans oublier deux lits. C'est beau la modernité! En plus, ça ne nous a pas coûté vraiment plus cher qu'un camping. On a fait des provisions pour 3 jours et on compte bien se reposer ici (et se faire une petite mise à jour de l’état de nos vélos); je pense qu’on le mérite bien après ces derniers jours.
83,55 km; vitesse moyenne: 20,3 km/h; maximum : 45.5 km/h

 

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À propos de ce blogue

Canada en vélo - correspondances 2005

14 décembre 2009 - Il y a quatre ans jour pour jour, mon ami Mathieu et moi revenions d’un voyage qui nous a fortement influencé physiquement, socialement, émotivement : la traversée du Canada en vélo, de St. John’s, Terre-Neuve à Victoria, Colombie-Britannique. Dans une époque où les blogues étaient encore peu connus, où le Web 2.0 et réseaux sociaux étaient des termes inconnus, nous communiquions avec nos proches en courriels de groupe, ou newsletter. Dans un but de rééditer ces courriels avant qu’ils ne se perdent dans le néant, sans cacher le désir de me remémorer une étape importante de ma vie et de la faire connaître aux gens que j’ai connus depuis et ceux qui passeront par ce blogue, vous trouverez hebdomadairement, pour les 15 prochaines semaines, une synthèse des correspondances effectuées et de nos aventures, le tout, bien sûr, agrémenté de photos.

Auteur

Etienne Théroux

J'ai commencé mon voyage à Québec, dans une petite banlieue qui m'a vu grandir. J'ai ensuite, entre autre, étudié en arts littéraires, exploré mon pays à dos de vélo, travaillé au pays des kangourous et j'étudie maintenant... en tourisme, à Montréal. Pour moi voyager c'est vivre des expériences, découvrir des gens et des cultures.

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